Aurore [2017] [S.Live]

On évoque souvent l'innocence des enfants ...
... mais sont-ils toujours aussi innocents que l'on voudrait le croire ?

Présentation

Aurore est une mini-série en trois épisodes diffusée le 19 avril 2017 au cours du festival Séries Mania. Elle traite d'un thème rarement abordé parce que délicat et souvent tabou : la criminalité infantile.

Synopsis

1987 en Camargue, quatre enfants sont sur une friche industrielle. Parmi les garçons, l'un va mourir et l'autre sera le témoin passif et silencieux. Côté filles, l'une sera le témoin dont personne n'avait remarqué la présence. L'autre deviendra dans quelques secondes une meurtrière. Elle s'appelle Aurore et n'a que dix ans. Désormais la justice va suivre son cours mais ne va rien réparer. Aurore va se reconstruire tout en craignant qu'un jour son passé refasse surface. Maya, la petite sœur de la victime, vit repliée sur elle même depuis le drame. Tout va brusquement changer pour ces deux femmes lorsqu'un journaliste révèle ce qu'est devenue Aurore 30 ans après le drame. Maya tombe sur cet article dans le journal et décide de partir rencontrer la femme qui a détruit son enfance et qui continue à hanter sa vie d'aujourd'hui ...

Aurore, dix ans, vit seule avec sa mère Madeleine. La fille vit de petits larcins et passe ses journées à commettre des bêtises sans grande importance avec son ami Chris. La mère est au chômage et se prostitue à domicile pour boucler ses fins de mois. Elle reproche à sa fille de lui avoir gâchée sa vie en l'empêchant (par sa naissance) de devenir danseuse comme elle l'aurait souhaité. Un jour avec Chris, alors qu'Aurore est affamée, ils se rendent sur le terrain de jeu et y trouvent deux jeunes enfants. Maya fait du toboggan alors que son grand frère Paulo, 4 ans mange des gâteaux que sa grande sœur lui a offert pour acheter sa tranquillité et son silence. Des gâteaux qui feraient très bien l'affaire de la faim d'Aurore qui va tenter d'obtenir sa part simplement en demandant. Devant le refus du gamin, Aurore va employer la ruse et conduire l'enfant à une friche industrielle pour lui montrer un trésor. Chris est aussi du déplacement alors que Maya suit tout le monde à distance sans que personne ne la remarque. Sur place Aurore essaie à nouveau d'extorquer des biscuits à Paulo, et la situation finit par une escalade de violence inimaginable. Aurore jète le garçon à terre, celui-ci se défend en gesticulant et en mordant. Aurore finit jusqu'à étrangler Paulo jusqu'à ce que celui-ci ne bouge plus. Les deux grands se débarassent du corps en le jetant dans le marais salant jouxtant la friche, tandis que la petite Maya continue d'observer à distance. La nuit tombe sur cette petite ville de Camargue et deux enfants sont portés disparus. Demain la gendarmerie commencera l'enquête ...

30 ans ont passé. Maya est devenue la femme qui murmurait à l'oreille des chevaux. Jamais elle ne pourra aimer, de peur qu'il arrive quelque chose à cet être aimé. Elle travaille dans le petit centre équestre de son père et les chevaux l'ont sauvée parce qu'ils sont les seuls à comprendre et surtout à ne pas la juger.

De son côté Aurore mène une vie normale avec un emploi, une fille de cinq ans élevée convenablement. Mais elle vit aussi avec la peur d'être reconnue malgré son changement d'identité à la fin de sa peine en établissement pour mineurs délinquants. Ce qui finit par arriver et Aurore va perdre son emploi et trouver refuge auprès de Leonard, le seul homme qui ait fait confiance à Aurore mais avec lequel elle n'avait plus aucun contact depuis 20 ans. Maya tombe sur l'article du journaliste qui a révélé la vérité sur Aurore et va se fixer comme objectif de retrouver la meurtrière de son frère Paulo. Elle va elle aussi utiliser une autre identité et se faire passer pour Joséphine Vincent, un écrivain qui veut relater la vie d'Aurore. Dans ce but elle va emprunter à son père un véhicule tout-terrain et un revolver ...

Maya retrouve enfin Aurore en manquant de la renverser en voiture alors qu'elle prenait l'air en pleine averse et au beau milieu de la route voisine du chalet de Leonard, ami d'il y a 20 ans qui l'héberge actuellement. Mais Maya est déconcertée, elle trouve une femme fragile et meurtrie qu'elle serait tentée de protéger, une femme qui mène une vie normale et épanouie alors qu'elle s'attendait à trouver un monstre solitaire n'inspirant que la haine et le dégoût. Aurore croît avoir affaire à un écrivain désireux de conter son histoire et finit par se lier d'amitié et faire confiance à celle qui se fait appeler Joséphine. Un jour, la mère d'Aurore use d'un stratagème pour faire venir sa fille, qui va confier Rose à son amie Joséphine. Cette dernière va en profiter pour enlever Rose et la conduire à l'endroit où son frère a été assassiné trente années plus tôt. Cependant Aurore semble certaine que sa fille est toujours en sécurité et que Joséphine est incapable de lui faire du mal. Et elle préfère régler cette affaire seule et surtout sans l'intervention de la police. Qui est en sécurité ? Qui ne l'est plus ? Vous le saurez en regardant cette mini-série ...

Une série bien accueillie et une critique positive

On connaissait Arte pour sa propension à nous faire découvrir des séries étrangères provenant de pays auxquels les autres chaînes ne s'interessent pas, surtout des séries scandinaves.Cette fois la chaîne nous propose une série fabriquée en France qui n'a pas à avoir honte de ses origines. Dommage qu'Arte n'ait pas profité de l'occasion pour nous proposer des documentaires en lien avec la criminalité infantile.

Découverte

Bande annonce de la série :

Mon avis sur la série

Pour sa première création au format mini-série, Laetitia Masson nous livre une œuvre atypique. La série commence par un meurtre, mais ce n'est pas une série policière. Le premier épisode est assuré pour l'essentiel par des enfants dont les interprètes sont encore inconnus, mais il ne s'agit pas non plus d'une série pour enfants. On voit le rôle-titre assassiner froidement un enfant pour un motif futile, mais on n'arrive pas à la détester.

L'aspect esthétique masque parfaitement les lacunes en terme de réalisme. Et des détails non réalistes ce n'est pas ce qu'il manque : on notera par exemple qu'il faudra vingt ans pour retrouver Aurore alors qu'elle a refait sa vie dans sa région natale si ce n'est pas carrément dans sa commune natale. Choix pour le moins curieux pour quelqu'un qui fuit son passé. La voiture de gendarmerie qui conduit Aurore en 1987 au centre de détention pour mineurs est affublée d'une plaque (29590526) délivrée en 1995, et de surcroît à une moto. Le pick-up du père de Maya est immatriculé 1965 BD 48 c'est à dire en 1968 alors que le véhicule paraît bien plus récent. De plus en ce temps là le numéro ne contenait que 3 chiffres. La Lozère à inauguré les 4 chiffres avec la série GA 48 commencé en juin 1989 soit 21 ans plus tard. Dans la même veine, le taxi qui emmène Leonard dans le dernier épisode est immatriculé AA-815-WG, numéro attribué en mai 2009 soit 8 ans avant les faits. Age plutôt surprenant pour un taxi où le parc est renouvelé sur une base bien plus courte. Voilà pour les incohérences les plus flagrantes puisque démontrables et vérifiables. Mais la série est truffée de détails sonnant creux. Comment une enfant de 10 ans en arrive à étrangler un gamin haut comme trois pommes alors que sa force est de loin supérieure ? Comment une gamine de 3 ans peut regarder quelqu'un faire du mal à son grand frère sans s'enfuir, sans hurler, sans essayer de l'aider et surtout sans trahir sa présence ? Comment se fait il qu'un journal local trouvé dans un café de Lozère contienne des pages locales sur Salin-de-Giraud, localité située à plusieurs centaines de kilomètres ? Pourquoi Maya n'a pas de problème à confier à une enfant de 5 ans une boîte non fermée qui contient un objet à la fois dangereux pour la petite et indispensable à l'adulte puisque c'est l'un des rares objets que Maya a emporté pour sa virée.

Personnellement je regrette que l'on fasse en une seule fois une ellipse temporelle de 30 ans et j'aurai aimé que soit développée la sortie du centre pour délinquants lorsqu'Aurore a 20 ans, et l'adolescence de Maya qui au même moment devrait avoir environ 13 ans. Cela aurait aussi permis de suivre les personnages de Sandrine Leroy, la capitaine de gendarmerie, et l'avocat de la famille Neige, qui eux aussi n'ont pas dû s'en sortir sans aucune séquelle.

Sinon, dans l'ensemble, je considère que c'est une excellente série n'ayant rien à envier aux productions britanniques (et pourtant les mini-séries ça les connaît !). La distribution est homogène, et même les enfants débutants du premier épisode sont à la hauteur de l'immense tâche de porter à eux seuls la réussite ou l'échec de cet épisode d'ouverture.